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Blé tendre, tout ce qu’il faut savoir sur la céréale la plus cultivée en France

Le point sur l'itinéraire technique du blé tendre et ses principaux points de vigilance.

Le blé tendre est la première céréale produite en France. Cultivé sur environ 4,5 millions d’hectares, le blé tendre est présent dans la quasi-totalité des exploitations agricoles de type polyculture-élevage.  Le désherbage est une étape clé de l’itinéraire, dans un contexte de forte pression de graminées résistantes et d’une moindre disponibilité des matières actives.

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Sommaire 

 

Blé tendre : les clés pour bien choisir ses variétés

Le catalogue français des variétés de blé tendre est riche de plus de 300 variétés différentes. Quels sont les principaux critères à prendre en considération ?

La localisation de la parcelle permet d’identifier les variétés les plus adaptées à son contexte géographique. Les types de sol, les dates de semis envisagées et le niveau de précocité des variétés de blé tendre permettent de faire un premier choix en fonction de ses pratiques et de son contexte.

Le débouché de sa production de blé tendre est aussi un critère à considérer.  Pour les blés meuniers et biscuitiers, l’Association nationale de la meunerie française édite  une liste de variétés recommandées pour ces débouchés en particuliers.

Qualité technologique du blé : 4 classes qui définissent les débouchés

Un certain nombre de critères sont utilisés le CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection) et les acteurs de la filière afin de classer les variétés au moment de l’inscription au catalogue officiel et pour, à la moisson, répondre aux différents débouchés. Les différentes variétés seront alors qualifiées de blés améliorants, blés panifiables supérieurs, blés panifiables, blés biscuitiers et blés pour autres usages.

Les principaux critères pris en compte sont les suivants :

Grille de classement des blés tendres (source FranceAgriMer) :

Classes

Protéines

(Nx5,7)%MS

Force boulangère (10*joules/g)

PS (Kg/hl)

Indice de chute de Hagberg (secondes)

Premium

≥ 11,5%

≥170

≥ 77

≥ 240

Supérieur

≥ 11 %

Non spécifié

≥ 76

≥ 240

Medium

≥ 10,5

Non spécifié

Non spécifié

≥ 170

Access

Spécifié au contrat

Non spécifié

Non spécifié

Non spécifié

L’agriculteur doit aussi prendre en considération, le potentiel de rendement des variétés et leur capacité à résister à certaines maladies et à la verse.

Certaines agriculteurs pratiques le mélange variétal à l’échelle d’une parcelle. Le mélange intraspécifique a pour objectif de rendre la culture plus résiliente face aux aléas sanitaires. Cette pratique est largement répandue en agriculture biologique.

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Semis de blé tendre : décaler la date pour éviter la concurrence des adventices

En fonction des régions, les semis de blé tendre en France peuvent s’étaler de fin septembre à début décembre. Les dates optimales sont à définir par rapport au niveau de précocité des variétés.

Selon Arvalis, il faut tenir compte de la précocité à montaison et à épiaison. La précocité à montaison (date du stade épi 1cm) détermine le début de la période de semis. Si l’on sème trop précocement à l’automne, la culture pourrait être exposée à un risque de gel de printemps au stade épi 1 cm. La précocité à épiaison détermine la fin de la période de semis. Autrement dit, il faut chercher à éviter les coups de chaud quand la culture arrive au stade épiaison.

Les précédents culturaux doivent aussi être pris en compte pour optimiser la date de semis. Après une légumineuse, si la parcelle est propre, le semis pourra être réalisé dans la fenêtre optimale de la variété, idem derrière un colza. En revanche, derrière une céréale à paille, les semis trop précoces sont à éviter pour éviter la concurrence des graminées adventices.

Dans un contexte de forte pression graminées, retarder la date de semis est un levier agronomique intéressant pour éviter la concurrence des adventices en début d’automne. Cela donne aussi la possibilité de pratiquer des faux semis en amont du semis pour faire baisser le stock semencier. Cette stratégie permet d’éviter aussi la pression des insectes.

Fenêtre de semis optimale en fonction des régions (source : Arvalis) :

Régions

Fenêtres de semis

Bretagne

20/10 au 10/11

Normandie

10/10 au 30/10 (Seine-Maritime et Eure) et 20/10 au 10/11 ( Calvados, Manche et Orne)

Hauts-de-France

5/10 au 25/10

Champagne Ardennes

5/10 au 25/10

Lorraine

25/09 au 25/10

Bourgogne Franche Comté Alsace

5/10  au 25/10

Pays de la Loire

20/10 au 5/11

Centre Val de Loire

10/10 au 30/10

Poitou Charentes

20/10 au 15/11

Sud Ouest

25/10 au 15/11

PACA

15/10 au 15/11

Massif Central

25/09 au 10/10

Allier-Limagne

15/10 au 5/11

La densité au m² doit être comprise entre 200 et 400 grains. Mais elle doit être ajuster en fonction des caractéristiques de la parcelle et de la date de semis. Un semis plus tardif aura moins le temps de taller, il pourra être utile de compenser en augmentant la densité. D’autre part, si la structure du sol est peu favorable, si la pression limaces est significative et si les conditions météo ne sont pas optimales il peut être utile aussi de d’augmenter la densité de semis.

Garder en tête que le coût de la semence est une charge, il est donc conseillé de la calculer au plus juste, en se laissant une marge pour augmenter cette densité en fonction du contexte.

La profondeur de semis recommandée doit être comprise entre 2 et 4 cm.

Si l’on veut avoir recours au binage mécanique, on peut faire le choix d’écarter l’interrang  au-delà de 25 cm ; mais attention à ne pas pénaliser le rendement !  

Dans le cas de semences de blé hybrides, la densité de semis devra en générale être inférieure à 150 gains/m², car ces variétés ont un potentiel de tallage plus important.  

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Désherbage du blé tendre, la chimie au service de l’agronomie

Le programme de désherbage doit être adapté au niveau de salissement de la parcelle et de l’éventuelle présence de graminées résistantes (vulpins et ray-grass). La présence de 25 à 30 pieds de vulpins ou ray-grass au m² entraîne non seulement une perte de rendement parfois supérieure à 5% mais entretient aussi le stock semencier d’adventices pour les cultures suivantes.

En amont des interventions chimiques, il est indispensable de mobiliser les leviers agronomiques tels que le travail du sol  (labour, faux-semis), l’allongement des rotations, le décalage des dates de semis et le nettoyage du matériel de récolte pour éviter de disséminer les adventices d’une parcelle à l’autre.

En céréales à paille, ce sont les graminées automnales, vulpins et ray-grass qui sont les plus préjudiciables.

- Réaliser une double intervention à l’automne (pré-levée et post levée) est la garantie d’une très bonne efficacité mais le coût à l’hectare est plus conséquent.

- Dans le cas d’une seule application à l’automne, l’intervention au stade pré-levée est plus efficace car le stade des adventices est plus sensible.

- L’intervention au stade pré-levée se justifie d’autant que l’on retarde la période de semis. Car les conditions d’intervention en post levée peuvent devenir plus compliquées en fin d’automne et début d’hiver.

Une intervention en sortie d’hiver est envisageable dans la mesure où il n’y ait pas eu d’intervention à l’automne, ou dans le cas d’une efficacité à l’automne qui n’est pas satisfaisante. Il est recommandé d’intervenir le plus tôt possible et avant le premier apport d’azote, car la fertilisation peut aussi bénéficier aux adventices.

L’efficacité du désherbage est aussi dépendante des conditions de pulvérisation. (lien terre net)

En complément de la lutte chimique, le désherbage mécanique peut-être un complément pour limiter le recours aux herbicides. Trois types de matériels peuvent être envisagés :

La houe rotative et la herse étrille utilisées en plein sur environ 2cm de profondeur. Elles permettent de déraciner les adventices au stade jeune (stade filament). L’utilisation de ces outils peut être opportune  en pré-levée.

La bineuse ne permet de travailler que dans les inter-rangs. La bineuse équipée d’un système de guidage est fortement recommandée pour arriver à un bon niveau d’efficacité. La bineuse peut être utilisée à un stade plus avancé de la culture.

Depuis le 1er novembre 2023, de nouvelle règles s’appliquent quant à l’usage du prosulfocarbe.

- Les doses d’homologation ont été réduites et passent à 3L/Ha pour les solutions historiquement homologuées pour 5L/ha et à 1,6L/Ha pour celles qui étaient homologuées à 3L/ha.

- Il est désormais interdit d’utiliser des solutions à base de prosulfocarbe au-delà du stade BBCH13 (stade 3 feuilles) sur les céréales à paille.

- La distance de sécurité vis-à-vis des riverains est fixé à 20 mètres. Elles peut être réduites à 10 m, si les applications se font avec des types de buses réduisant la dérive d’au moins 90%

D’autres règles déjà en place restent en vigueur : utiliser du matériel antidérive homologué, et ne pas appliquer à proximité de cultures non-cibles, tant qu’elles ne sont pas récoltées.

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Fertilisation azotée du blé tendre : fractionner les apports pour être au plus près des besoins

La stratégie de fertilisation du blé doit s’adapter à la cinétique de la culture, autrement dit, il faut fractionner les apports en fonction des besoins de la plante.

La méthode des bilans permet d’estimer la dose totale à apporter, en fonction des besoins de la plante pour réaliser son cycle et de la fourniture du sol (reliquats et minéralisations).

Une fois la quantité estimée, le fractionnement en 3 apports distincts va permettre d’alimenter la plante à des stades clés. Arvalis préconise les stades suivants :

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Gestion des maladies et des ravageurs du blé tendre

Un cortège de virus et de champignons pathogènes est inféodé à la culture du blé tendre. Ils sont plus ou moins préjudiciables tout au long du cycle de la culture. Pieds, tiges, feuilles et épi peuvent être affectés.

Piétin-verse, piétin-échaudage et rhizoctone affectent pieds et tiges du blé tendre, leur présence et leur préjudice sont principalement liés à un retour trop fréquent du blé tendre dans la rotation. S’agissant du piétin-verse, l’utilisation de variétés résistantes est un levier de lutte non négligeable.

Parmi les maladies foliaires, la septoriose est sans aucun doute la plus nuisible et la plus fréquente. Elle se caractérise par des taches brunes dans lesquelles on observe des pycnides (points noirs). Elle se propage de la base vers le haut de la plante à la faveur des éclaboussures de pluie.

L’oïdium est une maladie moins fréquente mais préjudiciable en fin de cycle lorsque l’épi est touché. Elle est reconnaissable par un feutrage blanc sur le feuillage ou l’épi.

Deux autre maladies affectent la culture du blé tendre, rouille jaune et rouille brune. Un temps frais et humide est propice au développement de la rouille jaune tandis que des conditions douces et humides favorisent la rouille brune. La première se caractérise par des tâches jaunes qui apparaissent en foyers. En revanche la rouille brune est reconnaissable par des tâches de couleur brun orangé réparties de façon aléatoire. D’une année sur l’autre, les inoculum se conservent sur les repoussent de céréales.

Une autre maladie du blé tendre doit faire l’objet d’une attention particulière car elle pose un risque sanitaire non négligeable. En effet deux espèces de champignon du genre fusarium et microdochium induisent des nécroses sur les épillets voire l’épi tout entier. Ces maladies apparaissent à la faveur d’un temp humide au moment de la floraison. Certaines espèces du genre fusarium sont responsables de la production de mycotoxines et font l’objet d’une réglementation.

La carie du blé et l’ergot sont aussi à surveiller. Elles sont généralement inféodées à la parcelle.  

Pour l’ensemble de ces maladies, choisir une variété avec un bon comportement vis-à-vis de ces maladies est déjà une bonne garantie. En parallèle, les programmes de protection fongicides des blés reposent sur 1 à 3 voire 4 applications. Ils se raisonnent en fonction de la pression de l’année, de l’itinéraire, et des variétés. Ces applications s’étendent du stade épi 1 cm jusqu’à la floraison pour prévenir le risque fusariose.  

Pucerons, cicadelles, mineuse, tordeuse des céréales, cécidomyies sont les insectes ravageurs généralement inféodés à la culture du blé tendre. Ils sont préjudiciables par les virus qu’ils sont susceptibles de transmettre, JNO (jaunisse nanissante de l’orge, causée par le virus BYDV) et les stress qu’ils induisent compromettant le potentiel de rendement en provoquant des stress de croissance, avortements etc…

Ils doivent être contrôlés pendant tout le cycle de la culture, dès la levée jusqu’à la formation des grains. En fonction du seuil de nuisibilité, il est possible d’intervenir via un traitement insecticide. Un décalage de semis à l’automne peut aussi être un levier pour désynchroniser les vols de pucerons et limiter les risques à l’automne.

D’autres types de viroses peuvent être transmises des champignons du sol, virus de la mosaïque des céréales et la mosaïque des stries du fuseau du blé. Il n’existe pas vraiment de moyens de lutte, si ce n’est la prévention. Toutefois en blé tendre, la sensibilité des variétés reste modérée.

Sensibilité variétale, sur-fertilisation ou encore sur-densité peuvent provoquer de la verse. Trois leviers agronomiques sur lesquels il faut se pencher pour limiter le risque. Mais il est aussi possible d’appliquer un régulateur de croissance, à base d’hormones. En intervenant entre le stade épi 1 cm et 2 nœud de la culture, le régulateur limite le développement de la tige ou renforce sa résistance.

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Récolte et stockage du blé tendre : attention à la teneur en eau du grain

Cela pourrait sonner comme une évidence, mais il est utile de rappeler qu’il faut récolter le grain à la bonne humidité. C’est cette teneur en eau qui va conditionner le maintien des bonnes conditions sanitaires et technologiques lors du stockage. Au-delà d’un taux d’humidité supérieur à 16%, il est préférable d’attendre pour récolter quand bien même la maturité physiologique est atteinte.

Avant réception de la récolte, il est indispensable de procéder à un nettoyage rigoureux de haut en bas des cellules de stockage. L’objectif est de pouvoir se débarrasser des populations de charançons et des éventuels rongeurs.

Un traitement insecticide peut-être envisagé, mais tout dépend des cahiers de charges, certains contrats ne l’autorise pas.

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